Raid à ski en Suisse
« 4000 de Saas Fee et Mont Rose »
8/11 mai 2008
Itinéraire :
Jeudi 8 : Montée à la cabane de Täsch (2701m), d+850m.
Vendredi 9 : Alphubel (4206m), cabane Britannia, d+1500m.
Samedi 10 : Stralhorn (4190m), cabane du Mont Rose, d+1500m
Dimanche 11: Mont Rose (Dufourspitze, 4634m), cabane du Mont Rose, d+1850m.
Jeudi 8 mai : Par un chatoyant après-midi de mai nous parvînmes dans l’exquise Mattertal…
Quelques 5500m de dénivelée positive nous attendent mais nous ne les avons heureusement pas, à cette heure, calculés. Après six heures de route (pour deux d’entre nous effectués la veille) et 850 m de dénivelée (« échauffement » avec sacs pleins et skis sur le dos), nous parvenons à la Täshhütte, ce jeudi 8 mai.
Vendredi 9 mai : Le ciel est encore étoilé lorsque nous quittons le refuge à pied ; nous chaussons les skis quelques minutes plus tard alors que le jour se lève. Montant une pente ouest, nous ne verrons le soleil que bien plus tard, il éclaire cependant assez vite les sommets dans notre dos, dont le mythique Cervin.
Chacun (Mireille, Laurence, Henri, Rémi et moi) monte à son rythme et prend ses marques. Nous gagnons le soleil et l’Alphubeljoch (col) aux alentours de 9h30.
Après une traversée à flanc vers le Nord, nous « conversons » (en silence) dans une pente ouest raide, elle s’adoucit vers le sommet et nous « dépeautons » sur l’Alphubel (4206m), le sourire aux lèvres.
Cependant, comme le lendemain et le surlendemain, la journée n’est pas terminée. La descente suppose de naviguer entre les crevasses et ensuite de monter vers Felskinn (arrivée de remontée mécanique de Saas Fee) puis de cheminer longuement avant de nous poser à la cabane Britannia.
Samedi 10 mai : Nous nous éveillons dans une petite descente de nuit sur neige gelée.
Nous ne sommes pas seuls, ensuite, à glisser sur les longues pentes douces de l’Allalingletscher ; la lumière matinale colore les sommets, les pauses photos rythment la montée.
Nous avons l’Adlerpass en perspective depuis près de trois heures lorsque nous y parvenons.
Nous y laissons quelques affaires et montons vers le Strahlhorn ; après un passage un peu délicat (pentu et gelé), une longue pente douce nous amène au pied du sommet. Quelques dizaines de mètres avec les crampons et nous nous asseyons à côté de la croix (4190m) et embrassons du regard tous les sommets alentours.
Nous descendons vers le col puis nous engageons avec précaution dans la pente sud et raide de l’Adlerpass, plus bas une neige de printemps nous offre quelques minutes de « grand ski » (c’est à dire de ski facile sur une neige transformée en surface). Mais le dessert est au milieu du repas… Il nous faut maintenant remettre les peaux pour une longue traversée vallonnée puis ascendante vers le Stockhornpass.
Nous descendons ensuite le Gornergletscher jusque 3100m où nous bifurquons vers un passage chaotique (faux plats, descentes, rochers) qui conduit laborieusement vers la Monte Rosa Hütte. Après onze heures sur les skis, nous apercevons le refuge. « Tavernier ! A boire ! ».
Dimanche 11 mai : P’tit déj’ à 3h30. Entre torpeur et bousculade les randonneurs à ski s’affairent avant d’aller prendre leur place dans la longue procession des frontales qui ondulent au seul son des couteaux. Les pentes sont soutenues mais la nuit semble endormir l’effort. Puis l’espace s’ouvre et les bosses sont gravies avec la régularité due à la longueur du chemin.
Bien plus tard, à la « bifurcation » Nordend/Dufour, nous partons à droite vers cette dernière. Nous gagnons, à 4359m, le pied de l’arête de neige et de rocher de la Dufourspitze. Munis de crampons, nous entamons la raide montée. Au sommet du premier des deux ressauts (4500m), un peu éprouvés et alors que les nuages montent, nous décidons de nous contenter de ce beau belvédère.
Comme la veille, la journée est loin d’être finie. Il faut d’abord redescendre les 1700m de dénivelée jusqu’au refuge, en crampons jusqu’à l’épaule, à ski ensuite.
Après une pause à la Cabane du Mont Rose, nous traversons le Gornergletscher puis nous dirigeons, à ski d’abord à pied ensuite, par une traversée ascendante vers la gare de Rotendboden (près de trois heures encore). Enfin, nous prenons le train Rotenboden/Zermatt, puis le train Zermatt/Täsch, puis un repas mérité, puis la route jusqu’à Nancy où, à peine fatigués, nous nous couchons vers 3h30 après 24h00 d’éveil denses et mémorables.
Mémorable comme ces quatre jours où Henri a sagement sélectionné ses courses, où Mireille a prouvé sa légendaire opiniâtreté, où Rémi s’est offert un quatre mille par jour, où Laurence a avalé avec plaisir les montées pour goûter les descentes et où j’ai tenté de suivre tout le monde en me faufilant devant. Bref ! Encore un séjour olympien !
I, AM